Tuesday, April 14, 2009

Mix-ups


Comme certains de mes amis le savent, un de mes hobbies est de faire rencontrer différentes personnes de mon entourage immense et infini. Je parle généralement de personnes de sexe opposé. Oui, accoupler peut correspondre comme mot. Ceux qui auront vu la première saison de L world comprendront.
Alors qu'est ce que ça donne?
Ben H. l'ingénieure de service à la fois carrée et créative irait bien avec Y. l'associatif chevronné.
Ou H. le commercial talentueux plairait à N. la notaire sensible.
Et ainsi de suite..
Encore faut-il que la chose se passe naturellement et que les deux victimes de mes plans machiavéliques ne s'aperçoivent pas de mes combines. Et encore faut-il que mon fabuleux emploi du temps me permette de voir du monde. Et même en ne sachant pas si ça va coller ou pas, on essaie, tout bonnement. Si ça colle, commence l'agréable phase des sourires débiles, d'interprétation philologique approfondie des sms, du décryptage des ondes de sa voix, de la mémorisation de sa paire de converses préférée, de découverte de ses phobies, de ses talents culinaires, de sa potentielle capacité à nous impressionner, ilkh, ilkh...Ainsi va-t-il de l'amitié. Cette semaine, le boulot a été l'occasion de magnifiques retrouvailles dignes d'Al khayt al abyad. C'était aussi la semaine rencontres. Le lieu: les abattoirs de Casa, plus connus sous le nom de "lbtoir". Les protagonistes: des citoyens du mouvement "nayda" (auquel je n'adhère pas, mais ce n'est pas le propos). En courant dans tous les sens, on croise d'autres esclaves courant dans l'autre sens. En une fraction de seconde, tout est dit. J'appelle ça: l'imti7ane du eye contact. Ca passe ou ça casse, n'est-ce pas?
J'aime votre petite coupe vivace, votre sourire rayonnant, votre boléro rouge, je m'extasie devant votre installation, votre motivation, votre sens de la communication. J'éclate de rire à votre sens de l'humour. Vous me reprochez ma blasé attitude. On s'amourache d'un appareil photo. On se rejoint sur NY. On se re-quitte, on se re-retrouve. On partage un fruit, trois tofitas, un red bull pour tenir. Cette curiosité pour des gens qu'on ne connaît pas, je trouve ça d'une beauté, d'un frais, d'un joyeux qui boombastic le coeur. Le mien en tous cas. Lassé d'amitiés perdues, assassinées, il retrouve, là où il ne l'attendait pas, l'adrénaline dont il avait besoin.

Saturday, April 11, 2009

Expériences In-thé-rdites

L'artiste n'avait pas besoin de questions. A peine a-t-il su que la caméra était pointée sur lui qu'il se mit à nous expliquer son œuvre. C'est un travail de longue haleine, nous avons compris. C'est l'aboutissement d'une longue réflexion, le partage, le symbolique, la paix, conjugués à ce lieu magique, que dis-je, extraordinaire. Une véritable muse. Cet homme moustachu si aimable est un passionné, nous n'en doutons pas une seconde. Il a exposé partout. Il est connu pour son travail avec et sur le thé. A toutes les sauces il l'a exposé et ce n'est pas fini. Car justement aujourd'hui, c'est une installation particulière qu'il nous propose. Avec un miroir recouvert partiellement sur les bords d'une couche de thé vert. Alors que l'artiste monologue, mes yeux sont attirés par son assistant, un homme de son âge, tout aussi moustachu, ouvrant avec un cutter les boites de thé au fur et à mesure. Surtout, il est dans l'incompréhension totale de cette idée saugrenue d'éparpiller du thé vert sur un miroir. Mais ce n'est pas à lui de juger. Alors, pendant des heures, ce pauvre gars a patiemment ouvert 200 paquets de thé dont il a vu le contenu se disperser devant ses yeux par terre pour l'amour de l'art. Nous avons pu lui parler par la suite loin des oreilles indiscrètes. Tant de berrad d'atay de gâchés...Il en a le coeur tout retourné le pauvre. Un peu comme le banquier qui passe ses journées à compter des liasses de billets. Quelque chose me dit que l'installation ne restera pas intacte longtemps!

Friday, April 10, 2009

En face de la maison


Ou l'art de trouver le bon nom pour son bateau

Thursday, April 09, 2009

Le génocide des mimosas

On revenait de la pause-déj en "restau d'entreprise". Il était environ 1415. Soleil de plomb. Trop de soude dans l'estomac et aucune envie de digérer à courir après les "personnages principaux". Toujours est-il. Arrivés au bout de la rue de "l'endroit", la foule saute aux yeux. C'est un incendie, je dis. Non, une bagarre, il dit. Sûrement un accident, lance l'autre. L'autre a souvent raison. C'était hélas le cas cette fois encore. Impossible de traverser la foule compacte en voiture. On descend. Dans ma curiosité parfois inutile, je me fraie un chemin entre ados boutonneux et adultes hystériques. L'accident: 6 jeunes dans une bagnole de location. Deux garçons à l'avant, quatre filles derrière. Le conducteur -en état d'ébriété nous a-t-on dit- roulait bien trop vite (120 nous a-t-on assuré). Il a voulu doubler à droite et n'avait pas prévu une semi-remorque garée en face. La voiture a fini sous le camion. Je répète: SOUS.
Sur le coup, une fille est morte. Je revois ses cheveux qui pendaient. Et sa main tendue à je ne sais quoi. Elle est restée coincée dans la voiture. Les pompiers ont du scier la tôle pour la faire sortir.
Les autres passagers ont été évacués par les témoins de l'accident. Tous saignaient. Le garçon du siège passager avait la veine jugulaire coupée. Il est mort quelque temps après, suivi par une seconde fille puis la troisième. Miracle: l'ambulance n'a pas mis cinq minutes à arriver. Le secteur a été quadrillé en un temps record. Les curieux augmentaient à la seconde. J'ai toujours cette impression que les Marocains sont avides de sang.
Que foutaient 4 filles (adolescentes) à l'arrière de cette voiture de location? Où allaient-elles? Qui étaient-elles? Dix milliards de questions fourmillaient dans ma tête alors que je regardais le bain de sang s'écouler dans le caniveau. Mon cameraman est anté par les images de la cervelle de la dernière fille que je n'ai pas pu subir.
Les gars de la protection civile ont longtemps fait couler l'eau pour faire disparaître les traces de sang. Notre OPS a dit: "c'est pour éviter que des femmes récupèrent le sang pour de la magie noire". Ma nausée n'a pas disparu depuis. La route tue. Des êtres dans la fleur de l'âge. Et des fleurs tout court.
Un jour, ils ont érigé une tente caïdale sur les abords de la ceinture verte de Rabat. C'était pour l'inauguration de la "troisième voie". Celle de l'autoroute s'entend. Ô joie. Quelqu'un s'est rendu compte que deux lanes de Rabat à Casa équivalait en heure de pointe, c'est-à-dire tout le temps, à une crise de nerfs automatique pour les navettistes. Ils ont choisi l'extension de la route par le milieu. Des hommes ont brisé les branches, énergétiquement. Des femmes les récupéraient parois, sûrement pour le chauffage. Maintenant, les trax ratissent les leurs par brassées tous les jours.
Si impatiente que je suis de voir la route s'élargir, je suis attristée par la vue de ces tonnes de mimosas fauchés -si j'ose dire- pour une carrière de fumier. Sur ma route solitaire désormais, un océan de béton et juste des souvenirs de mimosas.