Wednesday, March 29, 2006

Nombrilismes

C'est pas bien de se shooter au Gad El Maleh toute la soirée.
C'est pas sain de se faire croire qu'une tonne de réglisse rouge remplace un repas.
C'est pas intelligent de prendre le premier bus venu pour pas attendre dans le froid et se retrouver au fin fond de la ville, dans des ruelles sombres et froides du côté du chemin de fer et avaler sa salive en cherchant les écouteurs de ses doigts fébriles, pour se sentir invincible, avec la musique. C'est con d'avoir encore plus froid qu'avant, de ressentir une peur effroyable -quoique débile- de cette sombritude et de cet éloignement des rues que tu connais, une peur ancienne, enfouie, refoulée, et d'en avoir des petites larmes qu'on n'a pas pour les "vraies" choses.
C'est très con de se recroviller sur soi lorsque la chauffeur du bus te regarde dans le rétroviseur. Tu es seule dans le bus.
C'est pas très judicieux de laisser le boulot de côté pour rêvasser; un quart d'heure, une demi-heure, une heure...
C'est pas normal que tu ré-enfiles ta peau de night animal et faire tourner le même disque à une note à des heures pas possibles.
Dans le fond de ton lit, tu as toujours très très froid.
Mais où sont donc les papillons?

Monday, March 27, 2006

Je reprendrais bien un peu de bridge SVP


Un aperçu du Bay Bridge (celui qui relie San Francisco à Oakland et Berkeley) hier dimanche

Merci ASH

La peña del domingo (avec plein d'orthogaffes)

Non Meli, une fille aussi jolie que toi ne devrait pas jouer de la guitare. Ni des autres instruments d'ailleurs. Où as-tu eu le temps d'apprendre tout ça? Ton modèle d'origine venait avec ou sans le grain de beauté au-dessus de la lèvre, avec ou sans le tatouage en bas du dos?
Tu roules tes R en disant Puerto Rico, ton pays. On est accoudées à une voiture bleu ciel qu'on croirait tout droit sortie de Cuba des années 60, un peu comme dans la photo postée par La Seine.
Dans la voiture, "la oficina", beaucoup de fumée et des exclamations. "Mujer! Que bueno es el haschich!"
Pink Martini dans les oreilles et la guitare sur les genoux. Ca s'accorde et ça se désaccorde. Leti a un visage tout droit sorti d'un manga. Ses yeux, d'un strabisme évident, lui donnent un visage très large, presque charmant et méga triste. "Su voz? IN-CRE-IBLE", me crie Clari, les yeux immenses.
Verde que te quiero verde
"Cuál es tu nombre, otra vez?"
Maria se présente avec son nom de famille, qui se termine avec un O. Après tout, Maria, ça n'a rien d'original pour une future star. Mais un nom en O, ça fait garçon, ça fait "tu n'as jamais encore vu ça et n'as jamais encore entendu ça". Elle ne quitte pas ses lunettes de soleil, même lorsqu'elle chante. Ses seins servent-ils de réservoir d'air lorsqu'elle lance ses tirades qui font fondre l'âme?
C'est brumeux, dans ma tête. Moi aussi, je porte mes lunettes de soleil, enfin pas les miennes. José porte un chapeau et de la grâce dans la voix. A son dernier refrain, Peter Pan apparaît une flûte à la bouche, prêt à nous donner le coup de poing musical fatal.
Quiero que contarme tus sueños
Yo te diré
Que faltaba
A la estrella en el cielo

Saturday, March 25, 2006

Chellah

A Tanger, lorsque l'amitié était turquoise

Journalisme

Tu me dis que je suis journaliste et que devrais être une experte en communication! Je commence à perdre espoir en la capacité des journalistes et des écrivains à poser les bonnes questions et à donner des semblants de réponses lorsqu'il s'agit de leurs vies.
Pas plus tard qu'il y a deux minutes, je racroche avec un certain nounours, nullard de chez nullard en communication humaine. Si si, je le dis et je le répète. C'est fou. J'ai une intuition qui ne trompe pas. Je suis allongée sur mon lit et je flaire quelque chose. Je n'arrive pas à me concentrer. Je branche mon micro et je le skype. Plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il réponde."Kayen chi oula ghir lferchi?"
- "Tonne dial lferchi", me répond-t-il.
Et rien. Conversation creuse sur l'émission, sur la vie, mots pour dire sans rien dire.
Je reste sur ma faim. Je racroche. Je réfléchis. J'appele K., autre pilier de notre quator de voix de casseroles d'un paysage médiatique boiteux, à qui je n'ai pas parlé probablement depuis Août. Ce n'est pas lui qui répond mais son ami L. Je lui demande où il est, il me répond qu'il n'est pas disponible pour le moment. J'insiste. Il le cherche. Il le trouve. K. est au bout du fil et me dit: "Najlae, ce n'est pas possible, ce n'est pas possible". Alors, out of nowhere, je lui lance: "tu te maries?". Il me répond: "je suis entrain!"
Il y a du bruit, on s'entend à peine. Il cherche un endroit calme, loin des adouls. "J'allais t'appeler mais je n'avais pas ton numéro". Je sourie. "Le nounours le savait pourtant, je lui ai dit". "Ouais, ouais", je réponds.
Et je voudrais tellement y être, maintenant, là-bas, à voir sa face d'imbécile heureux que j'adore tant. Merde je réalise. J'ai raté leurs mariages à tous les quatre.
Je félicite, je congratule, je me sens mal, je suis heureuse pour lui, mot creux qui veut rien dire. C'est con que je me sente comme ça. C'est comme ça.
Et je vais loin dans mes ptites réflexions à la noix de coco sur la vie. En tous cas, les journalistes, c'est une race de merde. N'est-ce pas nounours?

Friday, March 24, 2006

Nobody knows when I cross the street



©Enrico
Je suis dans ma période Murmures. Chut, pas un cri, pas un sanglot, juste des murmures.
Alors, dans le bus, je murmure "sorry", lorsque je cogne quelqu'un de mon sac à dos DDP toujours trop chargé. Je murmure "thank you" au chauffeur du bus. Pas grave s'il ne l'entend pas, est-ce que ça aurait égayé sa journée pour autant? A l'école, j'écarquille les yeux en murmurant "hi" parce que je ne veux pas de questions sur comment j'ai survécu là-bas dans la banlieue. Et dans l'avion, "water" ou "apple juice" est juste mimé à l'hôtesse de l'air. Tu n'as qu'à comprendre. Ne me force pas à dire, à crier, à articuler, à gesticuler. J'aime quand juste un geste suffit.
Et là, dans le couloir, à côté des Unes du Monde, du Post et du China Daily, une odeur m'a frappée au visage, presque renversée. L'odeur de la maison de la ferme! Toi ici? Comment! Je me retourne, je renifle. La même odeur, orientaliste, occidentaliste, du moite, de l'humide, du boisé, du renfermé, de l'oublié, du caché, du mémorisé, du sauvé, du négligé. Dans la cheminée, il y avait un feu, autrefois. Veux-tu sortir dehors, la où le soleil est éblouissant et les moustiques piquent les jambes nues? Oui, tu mordilleras les tiges des fleurs jaunes, celles qui poussent après la pluie.
Je veux des murmures qui veulent dire des choses, des marshmallows écrasés entre les doigts parce qu'il y a toujours plus mou que mou. Je veux lui dire que ce n'est pas parce qu'elle a souffert et souffert longtemps qu'elle a le droit d'être vache, très vache, sauter sur sa licorne unicorne et faire mal "parce que si j'ai survécu à autant de tristesse, tout le monde peut survivre à mes flèches". Je me fous que ce que je dise n'ait aucun sens. Je n'en cherche aucun. Je cherche juste les murmures qui apaisent.

Ni tu ni yo

It hurts so bad it's hard not to think.
"Every step I take is another mistake to you".

J'ai changé. J'ai dormi à 20h57, me suis réveillée à 6h59.
Je commence par me brosser les cheveux. J'ai changé.
Je prépare le petit-déj. Peut-être que j'ai changé. Je vais travailler à des heures normales. J'emmène ma petite boisson dans mon sac. Ai-je changé?
Ca ne me dérange pas que Natasha, assise à un mètre de moi, ne me dise pas bonjour, alors qu'on ne s'est as vues depuis trois semaines. J'ai changé.
It hurts so bad it's hard not to think.
"Well, they're not gonna put you tomorrow on ABC News"
"My dear, go home. At least, it's home"

J'ai envie de marcher, longtemps. J'ai marché hier. Et avant hier pareil. Paris a le blues, du blues plein les narines, du bleu plein les veines, du rouge plein les tempes.
J'ai envie de réveil. Le même réveil où je sourie, il y a une paire d'yeux qui me regardent avec toute l'inquiétude du monde. L'inquiétude de demain.
Je baigne dans mes eaux noires. Il y a quelque temps encore, une vague furtive m'a bercée puis m'a abandonnée sur une plage. Il y avait des moules et de la douceur.
Il y a quelque temps encore, j'ai commencé à espérer. Mais je n'ai pas été assez bien, je n'ai pas été assez haut, assez vite, assez fort. Alors, je ne suis que des points de suspension, de vilains points pas assez forts pour être "un", tellement faibles qu'ils ont besoin d'être plusieurs.
Du blues plein les narines...

Monday, March 20, 2006

Sunday, March 19, 2006

Adios Bariz

Le sablier a encore couru trop vite et je me retrouve encore une fois en conversation pleine de gros mots avec ma valise -une nouvelle, bleue turquoise.
Je regrette de ne pas avoir vu beaucoup de monde, beaucoup d'expos, dont une sur Ingres et une de croquis de Magritte. J'ai encore fait de mon mieux et je le dis honnêtement mais ce n'est jamais assez.
Je regrette d'avoir eu seulement aujourd'hui pour faire des achats et bien sûr, tout était fermé.
J'ai comparé, volontairement et involontairement, ma vie californienne à la vie parisienne, j'ai parlé avec des "jeunes filles bien" que je connais depuis toujours des questions de "que faire après?"
J'ai assez d'histoires pour nourrir le blog pour toute une année rien qu'en histoires inspirées de ce que j'ai vu durant mes loongs trajets en métro et RER.
J'ai plus d'amour pour mon métier chaque fois que je l'accuse de faire de moi ce zombie cerné que j'ai été ces deux dernières semaines.
Ma valise m'attend

Tu dis que je fuis
Mais je pars
Pour mieux revenir

Thursday, March 16, 2006



Bisou du métro, merci LB

Morsures

Bons baisers de Paris où il fait froid et gris, où le plus petit chocolat chaud au Starbucks coûte 4,10 euros (quelle arnaque), où je conjugue courir dans tous les temps à la première personne du singulier, où il faudrait 48 heures par jour, où bientôt, un club va être formé pour me virer du trône de la "pote sympa", où la banlieue "m'a tuer", où je suis intime avec les cabines téléphoniques et les différents designs des télécartes, où j'ai oublié un peu ma vie californienne, où je dors peu et mal, où j'ai été incomprise, visée avec des bouteilles et des boules de pétanque, virée de quartiers, insultée, harcelée, boudée, oubliée, rappelée, larguée, enragée, ensanglotée, emboutonnée, échevelée, désordonnée, bousculée, aveuglée par une horrible absence de lumière.

Aujourd'hui, j'ai mal à moi.

Wednesday, March 15, 2006

mixed-grill

Depuis qu'il s'était installé aux Etats-Unis, Ali avait une tradition annuelle: avec trois amis marocains, il allait un weekend à la montagne en voiture. Ensemble, ils parlaient Marocain, se remémoraient des choses, racontaient des blagues cochon et skiaient à volonté. Même s'ils pouvaient se permettre de bons restaurants, ils s'accordaient le luxe de cuisiner dans la cabine un petit tajine, le récipient étant toujours dans le sac de voyage de Ali. Faouzi, le seul célibataire de la bande, gâchait toujours l'ambiance en disant qu'il préférait rester seul que de se marier à une Américaine car ce "mariage-là n'avait ni odeur ni saveur et était voué à l'échec". Les trois autres s'enflammaient, défendaient, tempéraient mais n'arrivaient pas à le convaincre. Ali finissait par calmer les choses ou les raviver de nouveau en parlant de l'équipe nationale.
Le deuxième soir, après une partie de X-Box (soccer international tournament) de plus de trois heures, les quatre compères ressentirent un léger "creux", le creux en question nécessitant au moins un tagine pour être comblé, Ali se dévoua, pas par gentillesse, mais juste parce qu'il cuisinait le mieux et ne voulait pas risquer une indigestion de nuit. Son téléphone sonna, il colla le portable contre sa joue en touillant: "hey baby, do you miss me that much?"
De l'autre côté de l'état, Annie parlait d'une voix nerveuse. Elle était partie à une soirée où elle avait trop bu. A la fin de la conversation, elle pleurait doucement.
à suivre

Monday, March 13, 2006

Success in marriage does not come merely through finding the right mate, but through being the right mate. ~Barnett R. Brickner

Lorsque Ali avait choisi de retourner à l'université faire un MBA, il ne voyait que des choses positives. Après tout, il allait vivre avec sa super douce Annie sur le campus, ils allaient avoir le temps de faire des choses, il allait sentir le plaisir d'étudier comme "legal alien", pas comme le herrag qu'il était avant leur mariage.
Cet après-midi, c'était la troisième fois cette semaine qu'il se convainquait que ça n'allait pas du tout.
Il rentra chez lui vers 13h30. Il avait passé la nuit à travailler sur un projet de l'école et il ne voulait que s'écrouler sur son lit. Annie n'était pas à la maison, puisqu'elle enseigne à l'école primaire du quartier, mais elle a laissé ses "souvenirs" du matin, comme chaque matin: sa tasse de café, sa vaisselle sale, les miettes partout.
Ali maudit l'éducation à l'américaine où "you leave your shit for someone else to clean it". Il se souvient, lorsqu'il vivait seul au village parce que sa maison au douar était trop éloignée de l'école la plus proche. Toutes ces années où il avait été son propre tuteur, son propre père et frère. La chambre minuscule sans fenêtre où il vivait était toujours impeccable et propre, ses vêtements pliés et ses dents passés au souak.
Cette fois, il n'a pas envie de ranger, pas envie de faire l'effort, pas envie de séparer son linge sale blanc des couleurs. Il est juste immensément fatigué.
Quelque chose le taraude, toute la journée, même lorsqu'il fait la sieste, même lorsqu'il se fait son thé à la menthe, qu'il s'asseoit sur le tapis et qu'il met Siniya de Nass El Ghiwane à fond.

à suivre...

Blues

Je viens d'apprendre sur TelQuel la mort d'Ali Farka Touré.
Aie.

Sunday, March 12, 2006

Overheard again

Dans les toilettes d'un café de Tokyo, derrière la porte, il y a écrit "Vive le Raja"

Thursday, March 09, 2006

Lutèce

Paris, comme mon Atlantique, est plus belle sous le ciel gris. Le gris doit être proche du noir et le vent perçant et humide.
Paris n'est pas une ville comme une autre. Elle a besoin d'insolence, de beauté non exclusive et dépendante du bleu du ciel.
Paris, comme NY, est une femme à laquelle on réfère à la troisième personne du singulier.
Paris est une catin libertine et célibataire et c'est comme ça que je la préfère.

Overheard in Paris

Métro 6
Petite pitchounette 5-6 ans, lunettes orange et cheveux tressés, tend les bras vers femme aux cheveux teints en roux:
-mamô, tu peux me faire un câlin?
-mmmmwaaaah
-mamô, t'es fâchée?
-non ma puce; juste fatiguée
-ben si tu es fatiguée, laisse moi prendre ton sac, il est lourd
-non ma puce, il est trop lourd pour toi
-il est pas trop lourd et je veux pas que tu soies fatiguée

et plus tard:
-mamô, et tous les maires ils sont méchants
-comment tu peux dire ça? tu en connais un?
-non mais ils sont tous méchants, c'est dans mon livre
-mais non, ils ont l'air sévère mais ils sont pas tous méchants

la dame était maghrébine. C'était mimi à voir.

Tuesday, March 07, 2006

Paname

Jet-lagged, exhausted and...hungry. Hi from Paris. I sometimes feel I never have time to empty my suitcase before I leave again.
More details; soon.

Sunday, March 05, 2006

Districto federal

Bonjour de Washington D.C. Une centaine de Fulbrighters ont ete reunis pour un "seminaire de depart", ou comment nous preparer a rentrer chez nous.
Je suis ailleurs: par exemple devant la Maison Blanche ou on tourne un nouvel episode de "West Wing".
Je cherche des papillons..

Thursday, March 02, 2006

On the road again..

Hi from...Phoenix, Arizona, en escale.
Quitté ma maman avec beaucoup de larmes et très peu de courage.
Ai-je déjà dit que je ne supportais plus les avions?
Stories, very soon...

Wednesday, March 01, 2006

Tremblement de peurs

Assise devant l'ordi comme d'habitude, j'ai failli tomber a la renverse a la suite d'une violente secousse. Mes cotes me font mal tellement j'ai eu peur.
Petit a petit, les portes des cabines de montage se sont ouvertes "woaw, did you feel that?"
Il parait qu'il y a eu une autre secousse 5 minutes avant.
"Maybe the big one is coming", a dit Jason.
brrr.